Relais
régional
Chronique d'une annulation annoncée
Trois skieurs dans la nuit tiennent conseil sous une pluie torrentielle
après trois kilomètres de reconnaissance. 6 h 30,
ce dimanche 25 février au matin ; nous avons trente minutes
pour nous mettre d'accord. "La piste, hier soir, après
le dameur était toute noire, ce n'est pas pire qu'hier matin,
on peut encore tenter le coup". Les avis divergent, la pluie
redouble. Jean-Luc silencieux, Mathias monté sur ressort
et moi tenace et ne voulant rien lâcher.
Jean-Luc rompt le silence : "C'est justement parce que ce n'est
pas simple que l'on est là, si on allait se mettre à
l'abri avec un bulletin météo pour réfléchir,
je suis trempé". Sur ce point-là, on est tous
d'accord.
Dans ma tête, tout se bouscule : le premier objectif est atteint,
le championnat régional individuel a eu lieu. Vous êtes
sûrs que ça va passer ? Cette semaine, cette phrase,
on l'a entendue des dizaines de fois et "c'est passé !"
La neige fond au vent, à la pluie et au soleil, et les certitudes
s'envolent. On a déjà joué avec le feu (la
foudre) samedi, on nage aujourd'hui, après avoir fondu au
soleil toute la semaine. Seule certitude, les compétiteurs
que j'ai pu interroger samedi veulent courir même dans des
conditions difficiles ; chapeau aux plus jeunes comme aux anciens
et on n'aura aucun reproche.
Est-ce que la piste peut tenir encore 5 heures et subir 700 passages
? On n'est plus que trois à pouvoir répondre, 400
compétiteurs attendent et une petite centaine de bénévoles
va venir soit pour concrétiser quelques jours d'engagements,
soit pour démonter l'infrastructure.
Au
chaud, les arguments repartent de plus belle. "La piste est
de moins en moins large, la trace d'alternatif est souvent pratiquement
dans le vide. On peut en appeler à la solidarité des
clubs et que les accompagnateurs viennent avec une pelle pour maintenir
la piste..."
Bulletin
Météo France : c'est encore celui d'hier soir, ils
ne sont pas levés...
Vite les Suisses : "Importantes précipitations ce matin,
limite pluie neige1 300 m s'abaissant à 1 000 m
l'après-midi. Vent tempétueux."
Grimaces
: 700 passages de skieurs et 5 heures de flotte et de vent. La pluie,
déjà pas facile ; mais le vent, je crains. Des vieux
restes de ma virée matinale sur la piste de Chalet Pin au
mois de décembre 99. Ma réponse se dessine sans doute
vers la voie de la raison. Jean-Luc ne lâche pas facilement
d'habitude... Il faut se rendre à l'évidence. Il est
7 heures.
"Bon, tu le mets ton message, Mathias, mais écris-le
avant.
- Non, pas la peine, l'improvisation, ça me connaît
:
Message de
6 heures, la piste est encore praticable ce matin, mais les bulletins
météo sont très pessimistes, pluie et vent
tempétueux pour ce matin. C'est pourquoi nous avons pris
la décision..."
Sacré Mathias ! Capable d'annoncer à 6 heures une
décision prise à 7 heures et, la neige, c'est pour
quand...
10
h 25 : tout est démonté sur le site, après
un petit casse-croûte entre organisateurs. Dernier tour pour
voir si tout est propre.
Un coup de tonnerre, la pluie vire à la neige, le vent se
lève. Tempête de neige à l'heure précise
où le relais femme aurait dû s'élancer. Amertume
sur une annulation annoncée...
MV
|